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Chicken Run, Peter Lord et Nick Park

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Le studio Aardman Animations s’est fait un nom et une réputation avec la série des courts-métrages Wallace & Groomit. Quand Chicken Run sort sur les écrans en 2000, c’est de loin le plus gros projet de ce studio qui s’est spécialisé dans l’animation image par image en utilisant la page à modeler pour façonner ses personnages. Aux petits films d’une vingtaine de minute succède un long-métrage de près d’une heure trente réalisé par Peter Lord et Nick Park. Chicken Run est ainsi nécessairement bien loin de l’ambiance des épisodes de Wallace & Groomit, mais ses concepteurs ont réussi à conserver l’esprit si particulier de leurs réalisations précédentes. Ce premier long-métrage est très drôle, une vraie réussite qui n’a pas pris une ride !

Chicken run lord park

Chicken Run raconte l’histoire d’une basse-cour, mais pas de n’importe quelle basse-cour. La ferme Tweedy dans l’Angleterre des années 1950 ressemble plus à une prison qu’à une ferme paisible où les animaux vaquent joyeusement à leur occupation. Les poules sont enfermées dans un campement entouré de barbelés et elles doivent pondre tous les jours dans leurs petites cabanes en bois qui sont autant de baraquements. Elles mènent surtout une vie difficile, tyrannisées par le fermier et surtout la fermière, la terrifiante Mrs Tweedy qui ne regarde qu’une seule chose : le rendement. Si une poule ne produit pas assez, elle est immédiatement exécutée et sert de repas le soir même. À partir de cette situation de départ parfaitement résumée pendant ses premières minutes, Chicken Run déroule un scénario de film d’évasion. Avec La Grande Évasion dans le viseur, Peter Lord et Nick Park ont mis au point un scénario rythmé autour d’une poule qui a décidé de tout mettre en œuvre pour sortir. Ginger n’est pas comme les autres poules, elle ne se résigne pas à finir dans cette prison et espère sortir à tout prix, pour découvrir ce qu’il y a derrière la colonne qu’elle aperçoit à travers les grillages. Sortir n’est pourtant pas facile, comme le montre cette hilarante série de tentatives infructueuses qui ouvre le film. Cette séquence permet aussi d’apprivoiser le style si particulier du studio. L’utilisation de la pâte à modeler donne aux personnages, tandis que les décors réels ajoutent une épaisseur bien éloignée de bon nombre de films d’animation numériques. On ne cherche pas le réalisme ici et ce n’est pas plus mal…

D’emblée, Chicken Run donne le ton : c’est drôle, très drôle même, mais c’est surtout imaginé comme si Ginger n’était pas une poule. Le procédé est classique dans l’animation, mais il a rarement été aussi bien mis en place que dans Chicken Run. Peter Lord et Nick Park mettent en scène des poules pour mieux parler de nous et cette basse-cour est logiquement une représentation imagée d’une prison, ou plutôt d’un camp de concentration. À cet égard, la machine infernale commandée par Mrs Tweedy et qui transforme une poule en tourte au poulet est évocatrice. Cette industrialisation qui débarque au milieu d’une campagne jusque-là largement traditionnelle évoque les travers de l’industrialisation, mais aussi des images de destruction que l’on a pu voir dans les camps mis en place pendant la Seconde Guerre mondiale. La présence dans Chicken Run d’un coq qui a connu la Première Guerre mondiale et la Royal Air Force apparaît également comme un rappel de ce contexte historique et ancre ce long-métrage dans une réalité historique bien sombre. Si Peter Lord et Nick Park visent les enfants avec ce premier film sorti au cinéma, ils parlent ainsi également à leurs parents qui verront autre chose qu’une histoire simplement amusante de poules qui construisent un avion pour sortir de leur enclos. Au fond, Chicken Run raconte une histoire terriblement humaine avec cette évasion menée par Ginger, une seule poule qui décide qu’une autre vie est possible et qui essaye de convaincre les autres poules, beaucoup moins actives. L’intrigue est enrichie par l’introduction d’un personnage supplémentaire, Rocky, un coq censé savoir voler et qui doit enseigner l’art de voler aux poules. Un personnage comique qui enrichit encore l’humour du film, mais un personnage aussi touchant dans Chicken Run qui parvient à ménager une place à une histoire d’amour qui, contre toute attente, fonctionne assez bien. Le film reste d’abord une comédie, mais la force des productions d’Aardman Animations est de ménager une certaine émotion et celle-ci ne fait pas exception.

Lord park chicken run

Visant plus explicitement les plus jeunes que dans Les Pirates ! Bons à rien, la dernière production d’Aardman Animations réalisée par Peter Lord seul, Chicken Run réussit à trouver un difficile équilibre. Le long-métrage plait aux enfants qui s’amusent devant cette histoire d’évasion amusante et bien menée, mais aussi aux adultes qui trouveront des allusions autant à d’autres œuvres qu’à l’histoire. Peter Lord et Nick Park ont réussi avec Chicken Run à trouver le ton juste pour succéder à Wallace & Groomit, c’est peut-être même le meilleur long-métrage de leur studio. À voir et à revoir…


Les Croods, Chris Sanders et Kirk DeMicco

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En 2010, le studio d’animation Dreamworks plutôt habitué à de sages blockbusters assez tranquilles créait la surprise avec Dragons, un long-métrage spectaculaire et vraiment drôle qui réunissait efficacement les enfants et leurs parents. Trois ans après, on retrouve Chris Sanders accompagné cette fois de Kirk DeMicco dans un nouveau film d’animation qui espère à nouveau réunir la famille. Avec cette surprenante idée de remake de la Famille Pierrafeux, Les Croods partaient pourtant assez mal, mais dès les premières minutes le charme opère. Ce nouveau film est drôle, très drôle, mais pas seulement : il offre aussi un dépaysement enchanteur dans un univers bariolé, tandis que les plus grands pourront se délecter de cette adolescente rebelle revisitée à la sauce platonicienne. Quoi qu’il en soit, Les Croods est une vraie réussite, à ne surtout pas rater !

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L’allégorie de la caverne revue et corrigée : tel est en quelque sorte le programme assez loufoque sur le papier du nouveau film de Chris Sanders et Kirk DeMicco. Les Croods nous embarque dans un univers imaginaire qui s’apparente à une sorte de Préhistoire revisitée. Les Croods est un clan d’hommes préhistoriques qui vivent dans leur caverne et qui n’en sortent que tous les deux ou trois jours pour chasser, avant de s’enfermer à nouveau, en sécurité. Un mode de vie où l’homme est très mal placé dans la chaîne alimentaire et où il faut tout craindre pour survivre. Grug, le père de famille, ne cesse de le répéter : il faut toujours avoir peur de tout. Sa femme, sa belle-mère et deux de ses enfants acceptent ce message sans discuter, mais ce n’est pas le cas d’Eep, son autre fille qui, en pleine crise d’adolescence, aimerait donner un sens à sa vie. Elle ne comprend pas pourquoi il faut toujours se cacher et avoir peur, elle aimerait bien découvrir le monde et vivre au grand jour, au grand dam de son père qui essaie, en vain, de la raisonner. Les Croods bascule sans surprise le jour où elle sort sans l’autorisation de son père et qu’elle découvre Guy, un étrange garçon qui maîtrise le feu et ne se cache pas en permanence. Cette sortie de la caverne pour filer la métaphore platonicienne lui ouvre les yeux, mais c’est un évènement naturel et historique — le démantèlement de la Pangea pour former les cinq continents actuels — qui forcent le reste de la famille à suivre Eep et Guy hors de la caverne.

Après une première séquence dans la caverne, Chris Sanders et Kirk DeMicco emportent leurs spectateurs dans une découverte enchanteresse d’un univers haut en couleur qui n’est pas sans rappeler celui d’Avatar. Comme chez James Cameron, Les Croods étonne d’abord par son bestiaire composé de créatures toutes imaginaires, souvent créées à partir de plusieurs animaux réels. On trouve aussi des plantes de toutes les formes, des décors très différents, mais qui sont tous pleins de dangers et souvent envoutants. Comme dans L’Âge de glace 4 : La dérive des continents, le scénario joue constamment avec les tremblements de terre et autres éruptions pour forcer ses personnages dans une direction ou une autre. Les studios Dreamworks n’inventent rien de révolutionnaire, mais ils ont trouvé l’équilibre parfait pour composer un film très drôle qui plaira à tous les âges, des plus petits aux plus grands. Chris Sanders et Kirk DeMicco ont la bonne idée de maintenir pendant 1h30 un rythme constant et le film ne trahit aucune baisse de régime, les séquences drôles s’enchaînent avec, intercalées, quelques très beaux morceaux de grand spectacle. Le scénario est assez attendu et Les Croods tend inévitablement vers son happy-end, mais qu’importe. On ne prend pas tant du plaisir à découvrir une histoire assez classique dans ses grandes lignes, qu’un univers riche et réussi et surtout des personnages très bien écrits. On rit de bon cœur et Dremworks prouve qu’il n’a plus rien à prouver en matière d’écriture face à un Pixar qui semble au contraire se contenter de donner des suites à ses grands films. De même, Les Croods est techniquement parfait, avec un dessin légèrement accentué pour les personnages qui n’est pas sans rappeler Dragons. L’animation est fluide, la 3D bien utilisée, bref on ne trouvera rien à redire sur ces points.

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Formé chez Disney où il a travaillé sur plusieurs scénarios de films cultes, dont Le Roi Lion, Aladdin ou encore La Belle et la Bête, Chris Sanders n’a pas perdu son sens du récit et c’est précisément ce qui permet à son dernier long-métrage de sortir du lot. Les Croods est un blockbuster familial qui n’a pas peur de tenter l’impertinence pour plaire aux adultes et c’est un film très drôle, parfaitement bien mené et pas aussi idiot qu’il ne pouvait laisser paraître. L’analogie avec la thèse platonicienne de la caverne est évidente, elle est universelle et résonne même dans cet invraisemblable univers préhistorique. Vraie réussite, Les Croods n’est pas le chef d’œuvre de l’année, mais c’est un divertissement réussi, à ne pas rater et à voir en famille !

Moi, moche et méchant 2, Chris Renaud et Pierre Coffin

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Sorti en 2010, Moi, moche et méchant réussissait son pari en offrant une animation familiale, mais pas stupide et la dose d’originalité nécessaire grâce à ce personnage de méchant raté en guise de héros à contre-emploi. Trois ans plus tard, Chris Renaud et Pierre Coffin offrent à ce premier succès une suite, sobrement nommée Moi, moche et méchant 2. On y retrouve Gru, le fameux méchant qui ne parvient à effrayer personne, mais aussi les trois petites filles qu’il a adoptées et, bien évidemment, les milliers de Minions qui apportaient la touche comique supplémentaire. À l’écran, le pari est à nouveau réussi et ce nouvel opus est encore une fois un blockbuster familial réussi. S’il a perdu l’effet de surprise, Moi, moche et méchant 2 reste vraiment amusant et il n’est pas qu’une copie du premier opus.

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Gru a abandonné ses ambitions pour devenir un super méchant. L’homme maladroit s’est rangé et il élève désormais dans son pavillon de banlieue les trois petites filles qu’il a finalement adoptées à la fin de l’épisode précédent. Il peut compter pour cela sur l’aide de Néfario, son assistant, mais aussi des Minions, ces créatures jaunes stupides, mais attachantes. Une vie sans intérêt en somme, que Moi, moche et méchant 2 va venir chambouler, on s’en doute bien. Chris Renaud et Pierre Coffin ne perdent pas de temps et introduisent leur scénario en quelques plans : une base secrète emportée par un inconnu, une agence secrète qui ne parvient pas à l’identifier et qui décide de faire appel à Gru pour ses connaissances sur les autres super méchants. D’abord opposé à l’idée, notre méchant devenu papa poule heureux, certes, mais qui s’ennuie un peu, accepte finalement la proposition et s’engage aux côtés de Lucy, espionne pour le compte de l’agence secrète. Ensemble, ils doivent trouver celui qui a volé le laboratoire et surtout le produit extrêmement dangereux qu’il contenait. Moi, moche et méchant 2 ne cherche pas à surprendre à tout prix avec ce scénario : on sait bien que rien ne passera comme prévu et de fait, rien ne se passe comme prévu. Pourtant, si leur scénario est prévisible, les deux réalisateurs ont réussi à renouveler l’intérêt du film et on ne s’ennuie jamais pendant le film, tandis que l’intrigue réserve suffisamment de (petites) surprises pour maintenir un intérêt intact du début à la fin. En d’autres termes, ce n’est pas très novateur, certes, mais c’est bien fait et on rigole de bon cœur.

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L’humour en effet est toujours au cœur de cette suite. Les Minions prennent de l’importance et, comme Scrat dans L’Âge de Glace, ils occupent souvent la première place dans Moi, moche et méchant 2. Chris Renaud et Pierre Coffin ont toutefois su utiliser convenablement leurs petits personnages jaunes qui ne sont pas que des créatures stupides, mais qui ont désormais de vraies personnalités. Ils sont en tout cas toujours aussi drôles et amuseront autant les enfants qui n’y verront que des créatures « trop mignonnes » que les adultes qui s’amuseront à noter toutes les références qui passent par eux. Le premier opus était resté assez discret sur ce plan, mais la suite multiplie les clins d’œil à d’autres univers, le plus évident étant bien sûr la saga James Bond. Évoquée dès l’affiche (« L’espion qui l’aimait », une référence explicite à L’espion qui m’aimait), ces citations sont sensibles surtout au début : personnages et gadgets — la voiture qui se transforme en sous-marin, comme dans cet épisode des aventures de l’agent 007 —, mais aussi musique… tout est inspiré très directement par l’univers de cette saga. Moi, moche et méchant 2 ne se contente pas d’être une version alternative et parodique des films du plus célèbre espion cependant. Le film trouve vite sa propre voie et il faut reconnaître que les scénaristes s’en sont donnés à cœur joie, avec une histoire réussie et qui trouve un bel équilibre entre l’action et l’intimité. Autre nouveauté de cette suite, Pierre Coffin et Chris Renaud font tomber leur personnage principal amoureux de Lucie, l’agent avec laquelle il doit travailler. Loin du cliché que l’on pouvait craindre, leur relation est assez belle et même touchante, une surprise dans un tel film.

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Moi, moche et méchant 2 n’est pas le chef-d’œuvre qui vient bousculer le paysage de l’animation, c’est un fait. Ce n’est pas non plus l’ambition de cette suite qui parvient encore à faire rire en évitant le sentiment de redite. Chris Renaud et Pierre Coffin ont su construire une belle suite, toujours très drôle, spectaculaire quand il faut, menée par une très bonne bande originale et aussi touchante par moment. Les Minions prennent plus de place, certes, mais ce n’est pas au détriment du reste et il faut avouer que ces bestioles jaunes sont une vraie réussite. Techniquement au point, Moi, moche et méchant 2 est un pari gagnant pour ses deux réalisateurs, et un excellent conseil pour une séance en famille.

Ernest et Célestine, Benjamin Renner, Vincent Patar et Stéphane Aubier

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À l’origine, Ernest et Célestine est une série de livres illustrés pour les enfants. Cette amitié entre une souris et un ours a motivé un trio de réalisateurs pour le porter dans les salles de cinéma avec un film d’animation. Il aurait été facile de passer à côté de la finesse du style de Gabrielle Vincent et d’en faire un récit lourdaud, mais Benjamin Renner, Vincent Patar et Stéphane Aubier ont su respecter l’esprit de l’œuvre originale. Ernest et Célestine, c’est un concentré de bonne humeur, un style graphique similaire à celui des livres et surtout un récit toujours charmant, mais qui ne s’adresse pas aux enfants comme à des débiles. Un excellent film, à ne rater sous aucun prétexte.

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Célestine est une souris, elle vit donc sous la terre et on lui apprend dès son plus jeune âge qu’il faut craindre absolument le grand méchant ours. Tous les autres enfants souris de son âge sont terrorisés à la simple évocation de ce mot, mais pas Célestine qui ne comprend pas pourquoi tous les ours devraient nécessairement être méchants. Au-dessus de la surface, Ernest un ours en marge de la société des ours : loin de la ville, il vit dans une cabane miteuse et il joue tous les jours de la musique pour gagner sa vie. Comme son titre l’indique d’emblée, Ernest et Célestine va rapprocher ces deux personnages que tout devrait opposer. Envoyée chercher les dents laissées par les oursons, Célestine finit dans une poubelle qui est fouillée au petit matin par Ernest, en quête de nourriture. Les deux se découvrent et apprennent à se connaître : l’ours pense d’abord à manger la souris, mais cette dernière ne prend pas peur et lui propose une alternative. Peu à peu, ils finissent par s’apprécier et ceux qui devaient être ennemis, se rassemblent dans l’amitié. Sans le dire ainsi, Benjamin Renner, Vincent Patar et Stéphane Aubier filment évidemment une histoire d’amour assez classique, en l’occurrence un amour impossible. Tels Roméo et Juliette, Ernest et Célestine appartiennent à deux clans que tout oppose : les souterrains aux uns, la ville en surface aux autres et de part et d’autre, une haine appuyée pour ceux qui sont si différents. La fin est attendue, mais elle importe assez peu : le récit d’Ernest et Célestine est suffisamment riche et touchant pour que le chemin soit ici aussi plus important que la destination.

Ernest et celestine benjamin renner vincent patar stephane aubier

Loin des récits niais que l’on impose trop souvent aux enfants, Ernest et Célestine est une sublime fable politique sur la différence et surtout sur l’acceptation de la différence. Benjamin Renner, Vincent Patar et Stéphane Aubier mettent en image deux mondes que tout oppose… parce que c’est ainsi. Le film montre très bien que la peur des souris pour les ours, et des ours pour les souris n’est pas fondée sur des arguments recevables, mais uniquement sur des clichés. D’un côté on a peur des ours qui ont la réputation de manger toutes les souris sans distinction ; de l’autre on a peur de ces souris qui sont réputées se multiplier et venir tout vous prendre. Certes, Ernest et Célestine emploie deux exceptions pour démonter ces arguments, mais le scénario n’est absolument pas bêta, bien au contraire même. Il avance avec la même finesse que les dessins peints à l’aquarelle pour montrer que oui, un ours et une souris peuvent très bien cohabiter. Ce n’est absolument pas simple, encore moins évident et le travail de ce dessin animé sur les animaux est à cet égard remarquable. Puisqu’ils parlent et se comportent comme des humains, les bêtes sont humanisées, mais elles ne sont pas dépourvues de leur caractère animal. Ernest utilise son nez et son museau pour chercher de la nourriture, quand Célestine se déplace à quatre pattes, par exemple. Cette façon de marier animalité et humanité est remarquable et elle traduit bien la méthode de Benjamin Renner, Vincent Patar et Stéphane Aubier : leur long-métrage s’adresse aux enfants, mais avec intelligents et le résultat est là. Ernest et Célestine sera tout autant apprécié des parents — qui reconnaîtront avec plaisir la voix de Lambert Wilson derrière Ernest ou celle de Pauline Brunner derrière Célestine —, mais on peut parier que les enfants, même jeunes, seront aux anges. C’est un petit bijou d’animation, tant sur le plan technique que sur l’histoire, une belle prouesse qui le distingue des productions internationales.

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Ernest et Célestine a été récompensé d’un César et ce n’est absolument pas usurpé : Benjamin Renner, Vincent Patar et Stéphane Aubier ont indéniablement fait du beau travail sur ce film fin et extrêmement touchant. C’est beau à regarder, c’est aussi une belle histoire, mais en aucun cas ce n’est un film qui prend les plus jeunes pour moins intelligents qu’ils ne sont. Que vous ayez des enfants ou non, Ernest et Célestine est incontestablement un film à voir…

Monstres Academy, Dan Scanlon

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Sorti en 2001, Monstres & Cie était le quatrième film d’animation de Pixar et la troisième histoire originale racontée par le studio. Son univers à base de monstres qui vont effrayer les enfants pour alimenter l’univers des monstres en électricité était brillant d’originalité et particulièrement bien trouvé, tandis que son scénario construit autour de la découverte de l’altérité était drôle et émouvant à souhait. Bref, une réussite que le studio cherche à prolonger cette année avec Monstres Academy. Plutôt qu’une suite et peut-être pour éviter l’échec relatif de Cars 2 qui sentait trop la redite pour convaincre, ce nouveau long-métrage est une préquelle. Cette fois, c’est Dan Scanlon qui se charge de la réalisation, mais derrière ce nouveau venu ((Qui était quand même l’un des scénaristes de Cars et qui a travaillé sur l’animation de Toy Story 3…)), on retrouve l’équipe habituelle. Pixar a appris de ses erreurs et ce Monstres Academy ne reproduit pas celles de Cars 2. L’idée de raconter une partie de l’enfance des personnages est bonne et le film fonctionne bien… même s’il est loin du niveau de son illustre prédécesseur. Un divertissement parfait pour les vacances et un bon Pixar, mais un Pixar mineur. Monstres academy pixar On a connu Sulli et Bob adultes, travaillant pour l’usine de récupération des cris des enfants. Place aux mêmes personnages adolescents : Monstres Academy raconte l’histoire de Sully, monstre vert qui se promet, tout jeune, de devenir un jour une terreur dans l’usine de Monstropolis. On le retrouve à son entrée à la Monstres Université, où il est inscrit en cours de terreur. Le jeune monstre est extrêmement motivé, il connaît déjà très bien ses leçons et compte tout faire pour réussir ses études. Malheureusement, il ne fait pas peur : avec sa petite taille et sa bouille ronde toute verte, il ferait plus rire qu’effrayer et il est rapidement expulsé du cours de terreur. Sur le campus, il fait plusieurs rencontres, mais Dan Scanlon concentre son film sur Sully, un énorme monstre naturellement effrayant. « Fils de », ce personnage se laisse porter par son nom et la réputation de son père et, à force de ne rien faire, il finit lui aussi par être expulsé. Leur histoire d’amitié commence ainsi, sur l’échec de leur vie en quelque sorte : l’un n’a toujours rêvé que de ça, l’autre est la risée de la famille à échouer lamentablement dès la première année. Récit d’apprentissage, Monstres Academy raconte la progression de ses deux personnages et surtout leur découverte de la vie et de l’amitié. Au passage, le film exploite tous les clichés sur le monde des universités à l’américaine, avec leur campus fermé sur l’extérieur — les adultes sont quasiment absents du film —, leurs coutumes particulières, l’affrontement des maisons, les concours en interne, etc. On connaît bien cet univers, popularisé par de nombreuses œuvres de fictions, dont la fameuse saga Harry Potter, même si le public français passera nécessairement à côté de quelques clins d’œil. Qu’importe, le paysage dressé par Dan Scanlon est fidèle à ce que l’on attend et il est réussi, avec au passage quelques scènes très drôles. On s’y attendait, mais Pixar remplit le contrat et le studio parvient malgré tout à nous surprendre, mais sur un autre point. Monstres academy scanlon Le récit de Monstres Academy se déroule avant les évènements de Montres et Cie et on s’attendait à quelques informations sur la formation du couple d’amis Bob et Sully. Le film de Dan Scanlon en donne effectivement, mais il surprend par certains de ses choix, et d’abord par la durée du récit. Loin de raconter toute la vie des héros, le long-métrage se concentre en effet sur une période assez courte qui ne couvre même pas toute la première année universitaire. Ce qui intéresse Pixar au fond, c’est de raconter la rencontre entre Bob et Sully, pas tellement leur histoire ensuite. Monstres Academy s’arrête sur cet objectif et ne va jamais chercher les fioritures que l’on aurait pu attendre d’un tel blockbuster. Loin de brosser son public dans le sens du poil en lui offrant du spectaculaire et de l’héroïque, la dernière œuvre du studio s’attache à raconter un quotidien dans ce qu’il a, parfois, de banal. Certes, les héros doivent affronter une série d’épreuves, mais le scénario n’en fait pas des tonnes sur cet enjeu dramatique, au point même de le détruire totalement à la fin. Il est frappant de constater que le récit mis en images par Dan Scanlon est tout entier constitué d’échecs : Monstres Academy ne ménage pas ses personnages, il aurait même plutôt tendance à les accabler et il ne les sauve jamais vraiment. D’autres scénaristes auraient très certainement sauvé leurs personnages une dizaine de fois, mais pas ceux de Pixar qui s’en tiennent à une vision réaliste et presque absurde. Pour un film destiné, surtout, à des enfants, c’est un choix courageux qui force le respect. Alors évidemment, Monstres Academy peut sembler en contrepartie un peu vide, son scénario peut laisser un arrière-goût d’inachevé, mais c’est totalement voulu et c’est, sans doute, la raison de la réussite du film. Loin d’élaborer un récit de la surenchère, comme ce pouvait être le cas de Cars 2, le studio a fait dans une simplicité que l’on aurait pu juger décevante, mais qui est aussi plus réaliste et finalement meilleure. La fin que l’on ne dévoilera pas est, à cet égard, une vraie réussite. Monstres academy pixar scanlon D’année en année, Pixar progresse sur le plan technique — cette fois, ce sont les poils de Sully qui impressionnent —, mais le studio n’oublie jamais qu’une animation aussi bonne soit-elle, n’est rien sans une belle histoire. Monstres Academy offre ce beau récit à travers cette rencontre de deux adolescents qui n’ont rien d’extraordinaire, au-delà des apparences. Certes, l’effet de surprise de la nouveauté est passé et ce nouvel opus n’est pas aussi brillant que les œuvres originales du studio. Ne boudons pas notre plaisir toutefois : même si le film réalisé par Dan Scanlon est mineur dans la filmographie de Pixar, il reste un excellent blockbuster familial et qui devrait plaire à vraiment toute la famille. C’est déjà une belle prouesse qui justifie d’aller voir ce Monstes Academy, d’autant que le film est plus surprenant qu’au premier abord avec son récit délaissé de tout sensationnalisme.

Monstres & Cie, Pete Docter, David Silverman et Lee Unkrich

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Pixar s’est fait connaître en donnant la vie à des jouets plus vrais que nature et c’est pendant la réalisation de Toy Story que l’idée de s’attaquer ensuite à des monstres est venue. Pour son quatrième long-métrage, le studio s’attaque enfin à cette idée en optant, comme toujours, pour un regard décalé. De fait, Monstres & Cie ne se déroule pas du tout comme on pouvait s’y attendre, puisque le film tout entier est construit sur une inversion entre monstres et humains. Ici, ce sont les monstres qui sont la norme : ils vivent dans leur propre monde et craignent plus que tout les humains qui sont toutefois nécessaires à leur survie. Une idée toute simple, mais qui s’avère géniale, comme on peut rapidement le réaliser en regardant le long-métrage de Pete Docter. Monstres & Cie a peut-être vieilli techniquement, mais il n’a pas pris une ride en matière de scénario ou de mise en scène et c’est l’un des meilleurs Pixar et un excellent film d’animation, tout simplement.

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Les monstres au cinéma, ce n’est pas nouveau et Walt Disney qui produit Monstres & Cie les a exploités à plusieurs reprises dans ses films. Sauf que cette fois, ce sont eux les gentils : Pixar a l’idée assez brillante de construire son quatrième long-métrage sur une inversion entre les humains et les monstres. La normalité est du côté de la monstruosité, tandis que les humains sont considérés comme des êtres extrêmement dangereux qu’il faut éviter à tout prix. La première partie du film consiste ainsi à découvrir cette inversion très surprenante et la première scène résume bien cet esprit. Pete Docter filme une scène banale, une mère qui couche son fils, le garçon qui s’endort quand… la porte de sa chambre s’ouvre. C’est un monstre qui entre, manifestement pour effrayer le petit, mais la grosse créature, ses dents aiguisées et ses énormes pics sur le dos, s’enfuit, effrayée. On découvre alors qu’il s’agissait d’un simulateur dans l’usine de l’entreprise Monstres & Cie : dans cet univers où les monstres vivent en parallèle du monde des humains, l’énergie nécessaire est fournie par les cris des enfants. Les monstres ont créé des portes magiques qui ouvrent des portails sur les chambres des enfants ; ils entrent dans les chambres, effraient les enfants et collectent alors leurs cris pour alimenter Monstropolis en énergie. Comme toujours chez Pixar, tout le film se construit autour de cette idée aussi simple que géniale et qui offre à Monstres & Cie toute l’originalité nécessaire. Pete Docter et ses équipes s’amusent à imaginer les monstres les plus improbables et surtout les plus différents possible pour constituer un univers réaliste, bien que totalement farfelu. Il y a des monstres poilus, des petits gluants, il y a la standardiste cyclope avec des serpents en guise de cheveux, il y a le patron de l’usine avec yeux et des pattes de crabe… et il y a encore des dizaines et des dizaines de monstres différents. Une variété extrême qui fait la richesse de Monstres & Cie et qui participe à en faire une comédie souvent très drôle.

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Autre point fort de ce Monstres & Cie, comme des meilleurs Pixar, le mélange des genres plutôt que le pari sur l’humour seul. Dans ce quatrième long-métrage, on suit deux monstres en particulier : il y a d’abord Sully, un grand monstre poilu qui est la meilleure Terreur de toute l’entreprise, c’est-à-dire celui qui fait le plus peur aux enfants et récolte ainsi le plus de cris. C’est une véritable star dans le film et il est toujours accompagné de Bob, une petite boule verte avec un seul gros œil et qui est tout le contraire de son ami. Ensemble, ils forment un duo de choc, même s’ils sont très différents et Pete Docter exploite cette différence dans un premier temps pour faire rire. Monstres & Cie n’est pas qu’une comédie légère toutefois et la gravité, puis l’émotion, surviennent rapidement. L’intrigue se concentre autour d’une petite fille prise d’affection pour Sully et qui entre dans l’univers des monstres. Une catastrophe en théorie pour eux, les enfants étant censés être particulièrement toxiques, mais on découvre vite en même temps que les personnages principaux que ce n’est pas le cas. De fait, la petite fille est immédiatement séduite par le monstre poilu qu’elle appelle d’ailleurs « Minou », et le terrible Sully finit par l’apprécier au point de ne plus vouloir la quitter. Qu’importe les enjeux dramatiques autour de cette histoire, ils sont finalement plutôt secondaires — quoique jouissifs —, le récit se construit d’abord autour de la relation qui naît entre ces deux personnages. Une très belle relation sur une base impossible, mais qui se crée sans tenir compte des interdits et qui devient aussi fort qu’une relation entre une fille et son père. Pete Docter ne manque pas d’ailleurs de broder autour de ce thème de la filiation et il touche juste : Monstres & Cie n’est pas qu’une comédie, c’est aussi un très beau film, émouvant et touchant, ce qui est beaucoup plus difficile à obtenir que de faire rire. Une belle réussite pour Pixar que les années ne touchent pas : on est toujours autant marqué par cette histoire aujourd’hui. La technique numérique a, elle, évolué et même si le travail accompli reste impressionnant pour un film sorti en 2002, on voit aujourd’hui les traces des années. Rien de grave cela dit, précisément parce que la technique s’efface totalement derrière le récit…

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Monstres & Cie est une réussite incontestable. L’idée d’inverser le monde des humains et celui des monstres était excellente, encore fallait-il en faire quelque chose d’intéressant. Pixar trouve précisément le ton juste avec son récit de ces deux monstres qui tombent amoureux d’une petite fille fragile et dénuée de tout préjugé. C’est drôle, c’est émouvant, bref c’est totalement réussi. Pete Docter frappe fort pour le quatrième long-métrage du studio Pixar, déjà au sommet avec ce Monstres & Cie à voir et à revoir !

La Reine des neiges, Chris Buck et Jennifer Lee

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Fidèle au poste, Walt Disney a publié un nouveau film d'animation juste à temps pour les fêtes de fin d'année. Après plusieurs années d'histoires originales et modernisées avec plus ou moins de succès, de Volt, star malgré lui à Raiponce en passant par La Princesse et la grenouille, le célèbre studio d'animation revient à ses premières amours. Inspiré d'un conte du XIXe siècle de Hans Christian Andersen, La Reine des neiges raconte une histoire de princesse à l'ancienne, avec de la magie, une bonne dose d'humour et une pincée d'amour. La formule déjà vue et revue fait-elle encore recette ? Chris Buck et Jennifer Lee en tirent un récit coloré et rythmé qui plaira aux plus jeunes, mais les parents resteront sur leur faim face à ce long-métrage un peu trop niais et qui manque cruellement de nouveautés.
La reine des neiges disney buck lee
Postulat de départ : deux sœurs, deux princesses qui vivent heureuses avec leurs parents dans un royaume de paix où tout semble aller pour le mieux. Comme dans tout bon drame, cette situation de départ idyllique est vite rompue par un évènement tragique, ou plutôt deux évènements. La sœur ainée, Elsa, est dotée de pouvoirs magiques qui lui permettent de créer du froid et de la glace, mais des pouvoirs qu'elle maîtrise mal. La Reine des neiges commence alors qu'elle joue avec Anna, sa cadette et la blesse malencontreusement de son pouvoir. Pour la soigner, ses parents sont obligés de lui retirer tous ses souvenirs et d'isoler les deux sœurs. À partir de là, le long-métrage de Chris Buck et Jennifer Lee accumulent les problèmes : mort tragique des parents, isolement d'Anna et le jour où sa sœur doit devenir reine, un grave accident qui plonge le royaume dans un hivers permanent. Une catastrophe évidemment et c'est Anna qui perd sur les traces de sa grande sœur pour rétablir le beau temps et le bonheur. Comme tous les contes adaptés par Walt Disney, La Reine des neiges ne s'impose pas d'emblée par l'originalité de son point de départ, même si ce récit laissait entrevoir quelques développements intéressants. À l'image des films de superhéros les plus intéressants, on retrouve ici l'idée des pouvoirs maudits pour le héros. Elsa ne sait pas comment maîtriser sa capacité à créer du froid et qui pourrait être un don — le début avec sa sœur en montre une vision positive —, devient une malédiction. C'est un sujet intéressant et qui aurait été passionnant, surtout dans un film de Walt Disney : traditionnellement, les personnages qui ont des pouvoirs ne les remettent pas en cause. Autre idée intéressante dans un tel film, l'héroïne qui hésite entre deux hommes qui semblent l'aimer et pourraient se battre pour elle.
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Malheureusement, La Reine des neiges ne fait rien de ces questions et les laisse au rang de simples potentiels. C'est bien tout le problème de ce film qui n'innove déjà pas sur l'idée de base, mais s'avère en outre décevant sur les développements. Chris Buck et Jennifer Lee ne manquent pas d'imagination pour enrichir le récit de personnages secondaires comiques avec, notamment, un bonhomme de neige qui sert de caution comique et qui est, il faut le reconnaître, assez souvent efficace. Le film est amusant par moments, mais cela ne suffit plus en 2013 : on aimerait un deuxième niveau de lecture, on aimerait s'accrocher à une histoire intéressante, mais le long-métrage reste en permanence au premier degré. La magie n'est jamais justifiée, on ne sait pas pourquoi Elsa, et seulement Elsa, y a droit. De même, la question épineuse de l'amour est évitée avec une astuce scénaristique assez lamentable… Les chansons, toujours aussi nombreuses comme il se doit chez Walt Disney, sont significatives des problèmes de La Reine des neiges. Elles ne servent qu'à faire avancer l'action et semblent avoir été posées au hasard dans le film : les personnages commencent à chanter leurs dialogues, comme s'il ne s'agissait pas d'une chanson. Les deux réalisateurs semblent suivre à la lettre un cahier des charges qu'on leur a imposé, sans jamais se demander s'ils ne feraient pas mieux d'innover avec quelques idées nouvelles. À cet égard, Raiponce faisait mieux avec une base également très classique. Ici, on en reste au premier degré, comme bon nombre de classiques chez Walt Disney, un pari risqué qui plaira sans doute aux plus jeunes — il suffit de voir le film avec des enfants pour constater que c'est réussi — et certainement moins aux adultes qui les accompagneront. Paresseux sur le fond, La Reine des neiges l'est aussi sur la forme avec un dessin numérique assez banal, pour ne pas dire médiocre. Quand on voit ce que Pixar, propriété de Disney, sait faire aujourd'hui, on se dit que le studio d'animation aurait pu faire un effort, en particulier sur les personnages qui manquent cruellement de naturel.
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La Reine des neiges est sorti pour Noël et il vise les familles et les enfants en priorité. À cet égard, le cinquante-troisième « classique » de Walt Disney est une réussite, mais on a un peu le sentiment que Chris Buck et Jennifer Lee sont passés à côté de leur sujet vraiment intéressant. En 2013, on peut réaliser un film d'animation grand public qui n'ignore pas des sujets plus sérieux pour satisfaire autant les petits et les grands. En l'état, La Reine des neiges n'est qu'un film d'animation de plus, à réserver aux plus jeunes.

Planes, Klay Hall

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« Au-dessus du monde de Cars » : l’affiche de Planes ne laisse guère planer le doute, ce nouveau film signé Disney se base sur le film de Pixar sorti en 2006. Sept ans après, le studio a l’idée de reprendre cet univers fantastique où les hommes ont été remplacés par des voitures, mais en s’intéressant aux avions. D’emblée, le long-métrage réalisé par Klay Hall ne s’arroge pas la palme de l’originalité et on pouvait être d’autant plus inquiet que ce n’est pas Pixar qui a mené le projet, même si John Lasseter garde un œil sur le projet en tant que producteur. Le résultat est sans surprise : Planes est un film paresseux qui se contente de capitaliser sur une formule qui a marché. Les enfants seront ravis de découvrir des avions vivants, quand les parents passeront un moment agréable, mais qui sera vite oublié.
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Planes, c’est donc Cars dans les airs. Le film reprend l’idée d’appareils mécaniques qui semblent vivants et Klay Hall peut compter sur tout l’imaginaire déployé par le studio Pixar. Force est de constater que cela fonctionne plutôt bien : on s’amuse des relectures à la sauce mécanique de notre monde, avec cette Statue de la Liberté mécanisée ou bien encore les vaches transformées en tracteur et autres idées dissimulées un peu partout. Ce nouveau long-métrage ne peut pas, toutefois, bénéficier de l’effet de surprise : on est en terrain connu. La trame générale emprunte elle aussi au film de Pixar avec cet avion dédié à l’épandage qui rêve de vitesse et de courses. Avec l’aide d’un avion vétéran — encore un point commun avec Cars —, Dusty apprend à voler pour la course et, contre toute attente, il parvient à être qualifié et à gagner quelques courses. On ne racontera pas la suite, mais elle est prévisible au possible : surprendre n’est clairement pas l’ambition de Planes… Le film est au moins divertissant et on passe un bon moment, même si on devine tout ce qui se passe dix bonnes minutes avant que cela se passe. À condition d’oublier ce scénario sur des rails — un comble ! —, on peut noter que le film est techniquement irréprochable, mais on n’en attendait pas moins. Les clichés accumulés sur chaque pays rappellent un peu Cars 2 et ce n’est pas forcément une bonne chose, les histoires d’amour sont un peu forcées également. Bref, Planes n’est pas un grand film, loin de là, mais il plaira sûrement à tous les enfants qui rêvent d’avions.
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Ce film ne devait même pas sortir au cinéma et se contenter d’une discrète sortie en DVD. C’est certainement ce qui arrivera à Planes : Mission Canadair, la suite prévue pour cette année. Le long-métrage signé Klay Hall a bénéficié à une plus grande visibilité avec une sortie au cinéma et avec plus de 1,5 million d’entrées rien qu’en France, c’était indéniablement un bon choix. De fait, Planes n’est pas un mauvais film et pour une séance en famille, il fait très bien l’affaire. On regrette simplement que le génie créatif de Pixar n’ait pas été mis à contribution pour imaginer un récit un petit peu plus original. En l’état, ce n’est qu’un film d’animation de plus, vite regardé, vite oublié.

Hercule, John Musker et Ron Clements

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Après une période à vide, Walt Disney retrouve une nouvelle jeunesse dans les années 1990. Le studio d'animation enchaîne les succès publics et critiques quand sort, à la fin de l'année 1997, Hercule. Le trente-cinquième film du mythique studio se tourne vers la mythologie greco-romaine pour la première fois de son histoire. Comme son nom l'indique bien, le long-métrage réalisé par John Musker et Ron Clements raconte l'histoire de Hercule, ce fils de Zeus envoyé sur terre pour aider les hommes. Loin des subtilités du mythe original, Disney en propose une version allégée sur le ton de l'humour, pour un dessin-animé très classique, mais qui fonctionne très bien.
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Du mythe original, Hercule garde quelques idées et notamment plusieurs travaux du héros. Les connaisseurs reconnaitront ainsi le combat contre l'hydre ou encore la capture de Cerbère, mais le studio s'autorise plus de libertés qu'il ne s'est forcé à rester proche du matériau original. Oubliée l'infidélité de Zeus, ici Hercule est l'enfant légitime d'un couple stable. Plus important encore, le film de John Musker et Ron Clements fait de l'humanité du héros non pas une volonté de Zeus, mais la conséquence de l'action de Hadès. Le dieu des enfers est ici transformé en mauvaise fée qui vient condamner le nouveau né à son berceau : Walt Disney ne peut s'empêcher de reprendre certaines idées des contes pour les intégrer à la mythologie. Qu'importe, l'idée reste la même dans les grandes lignes et, devenu jeune homme, Hercule décide de partir sur les pas de son passé et de devenir un vrai héros capable de remonter sur l'Olympe. Pour cela, il va se former auprès de Philoctète, un satyre qui a formé avant lui plusieurs héros, parmi lesquels Achille. Tout cela sur fond de complot mené par le perfide Hadès qui entend profiter d'un alignement de planètes pour libérer les Titans et prendre le pouvoir. On le voit, Hercule brasse le mythe original pour l'arranger à sa sauce, si bien qu'il n'en reste pas grand-chose. Ce n'est pas gênant, après tout il s'agit d'un film à destination des enfants avant tout et d'une comédie qui entend faire rire avec ces histoires.
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Tous les dessins animés signés Walt Disney comportent, au moins en partie, un peu d'humour. Hercule ne fait pas exception et la relecture de la mythologie greco-romaine se fait sur un ton léger. On passera rapidement sur les deux inévitables personnages secondaires que l'on retrouve dans quasiment tous les long-métrages et qui manquent, comme toujours, de finesse pour faire rire après cinq ou six ans. Fort heureusement, John Musker et Ron Clements ne se contentent pas de ces deux personnages et ils créent un Hadès plutôt amusant. Le dieu des enfers est un raté qui est plus bouffon de farce qu'un personnage vraiment dangereux. Ses crises de colère constituent un gag récurrent qui est efficace, à défaut d'être particulièrement original. On apprécie aussi l'entraînement de Philoctete et même le personnage principal est amusant, et pas forcément pour les raisons attendues. Hercule fait quelques écarts avec le schéma traditionnel des Disney en traitant de l'amour naissant de son personnage. Il est gauche, mal à l'aise et le héros ne tombe pas amoureux d'une princesse, mais d'une traitresse à la cause du méchant. Mine de rien, c'est plutôt gonflé, tout comme ce choix étonnant du gospel pour plusieurs chansons. Comme toujours, John Musker et Ron Clements truffent leur film de chansons, mais ils ne le font pas ici totalement gratuitement et reprennent la tradition du chœur antique, mais dans une version revue et corrigée. Cette fois, le chœur est constitué de chanteuses gospel, un anachronisme surprenant, mais payant : les chansons écrites pour Hercule sont prenantes et permettent de gagner du temps en racontant tout ce que le film ne peut pas montrer. On n'évite pas certains moments un peu niais où un personnage se met à chanter sans raison, mais cette présence d'intermèdes de gospel est assurément très sympathique.
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Hercule n'est certainement pas le meilleur film de l'histoire pour Walt Disney, mais en cette période faste pour le studio, c'est un très bon dessin animé qui remplit parfaitement sa tâche. Amusant plus qu'instructif, le long-métrage est plaisant pour les petits, mais aussi pour les grands qui pourront retrouver quelques vieux souvenirs de classe sur la mythologie. John Musker et Ron Clements ont fait un beau travail d'adaptation en tout cas, à revoir en famille.

Aladdin, John Musker et Ron Clements

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Après une heure de gloire dans les années 1950 et 1960, le studio Walt Disney a connu un long passage à vide avant un retour au succès critique et public dans les années 1990. S’il ne fallait garder qu’un seul film pour résumer cette période, ce serait peut-être Aladdin ((Ex-aequo avec Le Roi Lion, sans doute)). John Musker et Ron Clements, le duo à qui le studio devait déjà La Petite Sirène qui a signé son retour sur le devant de la scène, reprend du service et part cette fois du côté de l’Orient pour adapter un nouveau conte. Le dépaysement est complet et c’est la première fois qu’un Disney se déroule au Moyen-Orient, mais on retrouve un prince et sa princesse. Une recette classique, mais maîtrisée à la perfection et légèrement revue et corrigée, pour un classique de l’animation. Aladdin séduit encore petits et grands avec son histoire colorée et rythmée, drôle et effrayante à la fois et portée par une bande-son oscarisée. À voir et à revoir sans se lasser…
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Si l’on pense évidemment aux Mille et Une Nuits, Aladdin mêle plusieurs inspirations pour composer sa propre légende. Dans les grandes lignes toutefois, le trente-et-unième classique d’animation Disney s’inspire d’un film des années 1920, Le Voleur de Bagdad. Dans les deux cas, un voleur des rues tombe amoureux d’une princesse et se fait passer pour un prince pour la séduire. La comparaison s’arrête toutefois assez vite : le scénario mis en image par John Musker et Ron Clements ajoute une bonne dose de magie avec l’idée du génie dans une lampe et de la confrontation entre Aladdin et un terrible rival. Par les décors, par l’ambiance, Aladdin vise sans conteste le Moyen-Orient, mais il s’autorise aussi des écarts plus à l’est, à l’image du palais qui pourrait sortir tout droit d’Inde. Des références multiples donc, pour composer un film assez classique chez Walt Disney. Dans la plus grande tradition du studio d’animation, on est ici dans le domaine du conte de princesse, même si on suit l’histoire du point de vue d’un homme. Les longs-métrages signés Disney qui ont un héros masculin sont finalement assez rares et c’est la première originalité du récit, d’autant plus qu’il ne s’agit pas d’un prince, mais d’un voleur qui vit dans la rue. Le prince est atypique, mais la princesse n’est pas en reste : Jasmine refuse son statut et préfère fuir déguisée en mendiante plutôt que d’épouser n’importe lequel de ses prétendants, de vrais princes pourtant. Aladdin commence avec une situation initiale étonnante et des personnages inattendus et le récit continue par la suite de jouer sur l’identité trouble du héros. Pour autant, on retiendra surtout du travail de John Musker et Ron Clements qu’il représente une forme de perfection chez Walt Disney.
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À bien des égards, Aladdin atteint des sommets dans l’art des dessins animés de Walt Disney. Au cœur des années 1990, le film représente ce qui se fait de mieux dans les studios d’animation et même si l’électronique prend toujours plus de place — le tapis volant a été entièrement animé par ordinateur et la scène dans la grotte est elle aussi totalement numérique —, le dessin traditionnel à la main constitue encore l’essentiel. Sur la forme, John Musker et Ron Clements adoptent un trait volontairement simple et des couleurs exagérément vives, deux caractéristiques que l’on retrouvait déjà dans La Petite Sirène et que l’on retrouvera à nouveau dans Hercule par exemple. La patte des réalisateurs est sensible, mais au-delà du dessin, l’animation est très fluide et elle n’a pas vieilli. De manière générale d’ailleurs, le film supporte bien les années et son humour entremêlé de la belle histoire d’amour des deux personnages principaux fait mouche. Dès le prologue avec le commerçant, le spectateur est pris par cette promesse du jeune homme sans le sou qui séduit une princesse et Aladdin ne nous lâche ensuite jamais pendant une heure trente. Certaines séquences sont devenues cultes, tant dans l’humour — l’apparition du génie dans la caverne ((Un grand moment, qui doit beaucoup aux improvisations de Robin Williams qui a donné sa voix au personnage. C'est d'ailleurs la première fois, dans un film de Walt Disney, qu'une star est engagée pour un personnage…)) — que dans l’amour — la scène du tapis volant et du « Rêve bleu » qui a largement dépassé le film. Les enfants seront aux anges face à ce spectacle coloré et prenant, d’autant qu’il est pimenté par l’un des plus méchants de l’histoire de Disney. Les plus grands apprécieront les clins d’œil du génie et le caractère archétypal de l’ensemble : Aladdin est un Disney traditionnel, mais extrêmement bien maîtrisé. On en dira autant de la bande originale composée par Alan Manken et qui reste un classique du genre.
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Amusant, émouvant et bien rythmé, Aladdin est un délice pour toutes les générations. John Musker et Ron Clements s’adressent aux enfants évidemment, c’est après tout l’objectif premier de Walt Disney, mais ils n’en ont pas oublié pour autant les plus grands. S’il n’a pas l’audace scénaristique d’autres films avec sa trame générale très classique, ce long-métrage représente la quintessence du savoir-faire du studio dans les années 1990. Aladdin est une réussite qui a remporté les suffrages du public à sa sortie, mais qui reste encore un excellent divertissement.

Blanche-Neige et les sept nains, David Hand

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S’il n’est pas tout à fait le premier long-métrage d’animation de l’histoire, Blanche-Neige et les sept nains est sans doute celui qui a le plus marqué les esprits. À sa sortie, en 1937, Walt Disney n’était pas encore mort et son entreprise avait déjà produit plusieurs courts-métrages qui avaient connu un franc succès, mais pas au point d’assurer au studio un futur brillant. Comme Charlie Chaplin ou Laurel et Hardy avant lui, il décide de se tourner vers le long-métrage pour assurer l’avenir de son entreprise. Un projet un peu fou auquel personne ne croyait avant la sortie, mais qui a été couronné d’un immense succès. Certes, Blanche-Neige et les sept nains a vieilli sur le plan technique, mais ce premier essai est incontestablement un coup de maître qui impose de nombreuses idées que l’on retrouvera ensuite dans tous les longs-métrages signés Disney.
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Walt Disney avait beaucoup d’admiration pour l’Europe et c’est assez logiquement en Allemagne qu’il vient chercher l’inspiration pour le premier long-métrage de l’histoire de son entreprise. Blanche-Neige est un conte traditionnel qui a été popularisé par la version des frères Grimm, au XIXe siècle. Quand les studios d’animation s’y intéressent, le conte a déjà bénéficié de plusieurs adaptations au cinéma, toujours sous la forme de courts-métrages, pas toujours d’animation. L’histoire générale est simple, mais universelle : une princesse si belle qu’elle rend sa belle-mère folle de jalousie, au point que cette dernière lui souhaite la mort. Et puis un prince qui vient sauver sa belle d’une mort certaine : Blanche-Neige et les sept nains adopte ce conte ultra-classique pour mieux innover ailleurs. De fait, si le film réalisé par David Hand semble aujourd’hui tout à fait banal, il était à l’époque révolutionnaire, et ce pour plusieurs raisons. On pourrait consacrer plusieurs articles à la technique, puisqu’il s’agit du premier film d’animation de 90 minutes à la fois en couleurs et sonore, le premier aussi qui représente des humains aussi fidèlement, le premier à proposer une animation aussi vivante, le premier à offrir des mouvements de caméra que l’on pensait impossibles en animation… Pour réaliser ce film qui a battu des records de budget à l’époque — près de 1,5 million de dollars —, Walt Disney a fait former ses équipes qui ont inventé des techniques inédites. Blanche-Neige et les sept nains n’atteint pas encore la perfection technique de ses prédécesseurs, mais même ses erreurs sont touchantes et les équipes derrière le long-métrage ont fait tout leur possible, évinçant par exemple le prince du scénario pour éviter de trop le montrer. Pour de mauvaises raisons peut-être, David Hand avait mis le doigt sur l’un des points forts des productions Disney : l’importance des différents personnages.
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Certes, Blanche-Neige est l’héroïne attitrée de Blanche-Neige et les sept nains, elle est la princesse et le personnage que l’on suit du début à la fin. Ce que les scénaristes comprennent ou découvrent au fil d’essais, c’est que ce n’est pas le personnage le plus important pour autant, ou en tout cas pas le seul. Dans le conte original, les sept nains ne sont pas identifiés, ils n’ont pas d’identité propre et ils acceptent de cacher la fugitive uniquement en guise de servante. L’idée géniale du scénario mis en images par David Hand est bien de leur donner une véritable épaisseur en les nommant et en leur offrant une identité bien définie et facile à retenir. Par certains aspects, ce sont eux les vrais héros de Blanche-Neige et les sept nains, ce sont en tout cas eux qui véhiculent la touche d’humour qui plaira aux enfants. Eux aussi qui sont les plus vivants, avec les animaux peut-être : l’animation des personnages humains, en cherchant trop le réalisme, s’en éloigne finalement plus selon le principe de la vallée dérangeante que découvre le studio à cette occasion. Hauts en couleur, faciles à reconnaître, ils sont les stars du film et ce n’est sans doute pas pour rien qu’ils partagent le titre avec la princesse. L’autre point fort, c’est le personnage de la belle-mère, la reine qui veut tellement rester la plus belle qu’elle commandite le meurtre de sa belle-fille. Les studios ont la bonne idée de la représenter comme une très belle femme, mais une femme cruelle. Elle est déjà impressionnante, mais c’est encore pire quand elle se transforme en sorcière pour faire avaler la pomme empoisonnée à Blanche-Neige. Cette idée originale — les frères Grimm la faisaient se déguiser en vendeuse — ajoute une touche de fantastique à l’ensemble et offre surtout une séquence qui fait peur à des générations d’enfants. À cet égard, la scène de fuite dans la forêt qui se transforme en un monstre est elle aussi très spectaculaire et signe l’une des premières réussites du studio.
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C’était un pari un peu fou à l’époque et Walt Disney a failli y laisser sa fortune et son studio. Le résultat pourtant est à la hauteur de ces ambitions folles : après quatre années de préparation, trois ans de production, après 800 km de papier et deux millions de croquis et dessin, Blanche-Neige et les sept nains est le premier dessin animé moderne. David Hand exploite un récit universel en s’inspirant d’un conte allemand et son long-métrage pose les bases du cinéma de Disney pour de nombreuses années à venir. De cette séquence avec le livre qui ouvre le film jusqu’à la place de l’humour et des personnages secondaires, ce premier essai témoigne d’excellentes idées qui seront souvent reprises dans les années qui suivent. Même si Blanche-Neige et les sept nains a techniquement vieilli, il ne faut pas oublier l’exploit de l’époque et le récit conserve, quant à lui, toute son actualité. Un grand classique !

Le vent se lève, Hayao Miyazaki

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« L’ultime chef-d’œuvre de Hayao Miazaki » scande sans peur l’affiche du film. Un programme qui force d’emblée le respect, surtout quand on revient sur la carrière du Japonais qui comptait avant ce onzième long-métrage dix réalisations par lesquelles plusieurs chefs-d’œuvre du cinéma d’animation. Le vent se lève devrait bien être le dernier film du cinéaste qui devrait ensuite partir à la retraite, sans quitter les studios Ghibli pour autant. Même s’il est censé être le dernier de sa carrière, il est aussi le premier pour beaucoup de chose : abandonnant le fantastique de ses œuvres précédentes, Hayao Miazaki opte pour un récit réaliste et historique sur plusieurs années. En partie inspiré d’une histoire vraie, Le vent se lève appartient à cette catégorie de films qui touchent précisément où il faut et cette œuvre résolument adulte emporte tout sur son passage pendant deux heures. Un petit bijou, à ne rater sous aucun prétexte.
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Même si Le vent se lève ne s’en vante pas exagérément contrairement à tant d’autres films, il s’inspire d’une histoire vraie, celle de Jirô Horikoshi, ingénieur chez Mitsubishi qui a surtout été connu pour avoir créé le « Zéro », l’un des meilleurs avions de chasse pendant la Seconde Guerre mondiale. Hayao Miyazaki est passionné par les avions, ses précédents films l’ont bien montré, mais c’est aussi un fin connaisseur de la guerre et de ses armes. Ce long-métrage lui offre l’opportunité, non plus seulement de s’inspirer de sa passion pour créer de drôles d’engins volants, mais aussi pour la partager directement avec son public. Ainsi, sa onzième réalisation n’est absolument pas un film pour les enfants et elle pourrait difficilement être plus éloignée de Ponyo sur la falaise, son précédent long-métrage. Ne pensez pas pour autant que Le vent se lève est un film scientifique et rigoureux sur la création d’un avion, on en est également très éloigné. De fait, on a ici affaire à une œuvre hybride qui, sans renoncer à l’onirisme habituel chez Ghibli, adopte un ton beaucoup plus sérieux en évoquant pour la première fois l’histoire et le passé du Japon. Le récit se déroule des années 1920 aux années 1940, du tremblement de terre de Kanto en 1923 à la Seconde Guerre mondiale. On y suit Jirô, d’abord petit garçon rêvant de voler, puis étudiant et enfin ingénieur dans l’aéronautique : un rêve de gosse qui se réalise en somme et Hayao Miyazaki porte un regard très attendri sur ce petit garçon qui rêve de Caproni, grand nom de l’aéronautique dans les années 1910 et 1920. À défaut de monstres ou de sorcières, Le vent se lève ménage quelques séquences de rêve où l’on retrouve la patte Ghibli, mais les liens entre cette œuvre singulière et le reste de la carrière du cinéaste sont bien plus profonds. Notamment dans son rapport complexe à la guerre : comme son créateur, Jirô est partagé entre son amour des avions et l’utilisation morbide de ses créations. S’il imagine de splendides appareils, majestueux dans le ciel, il oublie qu’il faudra leur ajouter des mitraillettes et des bombes et qu’ils serviront à détruire et à tuer. Ce paradoxe constant est aussi celui de Hayao Miyazaki et il est très bien rendu par le film qui, lui aussi, oscille entre rêve et réalité.
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À bien des égards, Le vent se lève s’apparente à une explication de texte pour tous les films précédents de Hayao Miyazaki. Ce dernier a fait rêver des générations entières avec des univers qui sortaient tout droit de son imagination, mais cette ultime œuvre est en quelque sorte la clé pour les déchiffrer. Même si c’est la première fois que la guerre qu’a connue le Japon dans les années 1940 est évoquée, la guerre n’est pas étrangère à l’œuvre de Miyazaki et il a puisé dans l’histoire de son pays pour alimenter son imagination. Sans parler de conflit, c’est troublant dans la scène qui reconstitue le séisme de 1923 qui a fait au moins 100 000 morts et détruit au moins 500 000 maisons. Loin d’une représentation strictement scientifique, le cinéaste opte pour une vision presque fantastique : la terre ne tremble pas, elle se soulève comme si elle était mue par des monstres sous-terrains. Le choix d’un bruitage exclusivement réalisé par des voix humaines en dit long sur les intentions de l’auteur. Cette scène s’apparente presque à un rêve et on retrouve à cet instant de détresse toute le savoir-faire Ghibli. On pourrait lister des dizaines de similarités, tel personnage qui ressemble à une sorcière d’un précédent film, des séquences qui semblent citer directement tel autre long-métrage du studio, mais on se concentrera sur l’orientation singulière de Le vent se lève sur la fin. Avant que le film ne commence, un carton dévoile l’origine du titre, extrait d’un poème de Paul Valéry : « Le vent se lève, il faut tenter de vivre » (Le Cimetière Marin). Ce lien entre le vent et la vie explique sans doute le tournant mélodramatique vers la fin, quand le héros rencontre la femme de sa vie. On n’en dira pas trop pour préserver la surprise, mais cette rencontre et surtout leur vie en commun est à la fois bouleversante et magnifique. Difficile de ne pas être pris par l’émotion face à ce couple qui est rendu à la perfection. Comme toujours avec Hayao Miyazaki, le trait est souvent simpliste et l’animation parfois grossière, mais la technique importe peu : en quelques traits de crayons, Le vent se lève parvient à amuser ou à émouvoir et si ce film prouve une chose, c’est bien que le cinéaste n’a rien perdu de son talent.
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Que l’on puisse parler ou non d’un chef-d’œuvre n’a aucune importance. Avec Le vent se lève, Hayao Miyazaki signe un onzième film singulier dans son œuvre par son traitement adulte et son inspiration historique plutôt que fantastique, mais aussi, et peut-être surtout, très familier. En apparence opposé, ce long-métrage est en fait le complément indispensable aux dix précédents, celui qui permet au cinéaste de se livrer enfin pleinement et de dévoiler son intimité. C’est sans doute pour cette raison que Le vent se lève est aussi touchant et aussi réussi : en renonçant au fantastique, Hayao Miyazaki nous touche au cœur, sans intermédiaire. Laissant un seul regret, son départ à la retraite…

Pinocchio, Hamilton Luske et Ben Sharpsteen

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Après le succès de Blanche-Neige et les sept nains, Walt Disney lance plusieurs projets en parallèle. Outre le très ambitieux Fantasia, un deuxième long-métrage pour les enfants est initié et c'est à nouveau un conte européen du XIXe siècle qui sert de base au studio. Cette fois, les frères Grimm cèdent la place à Carlo Collodi, un journaliste et écrivain italien qui a publié en 1881 un conte nommé Les Aventures de Pinocchio. Histoire d'un pantin. Soixante ans après sa publication, ce récit d'un pantin qui rêve de devenir un petit garçon était déjà très populaire quand Walt Disney veut l'adapter en un long-métrage d'animation. Pinocchio sort dans les salles américaines en 1940, trois ans seulement après le précédent, et le film réalisé par Hamilton Luske et Ben Sharpsteen hausse encore le ton avec une réalisation largement perfectionnée. Si le film n'a pas connu le succès escompté à sa sortie, Seconde Guerre mondiale oblige, il s'est largement rattrapé depuis et reste un grand classique Disney.
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L'histoire de Pinocchio est assez simple : un ébéniste qui crée des jouets en bois réalise une marionnette, Pinocchio, qui devient vivant et veut devenir un vrai petit garçon. Sous la plume de Collodi, il s'agit d'un conte moral visant à effrayer les enfants avec tout ce qu'ils ne doivent pas faire, pour leur apprendre à rester sur le droit chemin. Walt Disney et ses équipes conservent cet esprit moralisateur, tout en atténuant considérablement le récit original. Même si le long-métrage reste d'une noirceur rare dans les grands classiques Disney, les changements effectués le rendent tout de même plus accessible pour les plus jeunes. Ainsi, le personnage de Pinocchio est une marionnette toute mignonne et avec ses grands yeux et sa naïveté, le héros de Pinocchio est plus touchant que ne l'était l'original. L'autre ajout majeur est le personnage de Jiminy Cricket, un criquet qui fait office de conscience pour Pinocchio. Quasiment absent du conte original, il prend ici une place si importante que le studio en fera un personnage récurrent dans plusieurs films dans les années 1940. Ce criquet ouvre le récit en ouvrant d'ailleurs un livre, comme dans Blanche-Neige et les sept nains : Walt Disney impose sa marque de fabrique avec ces éléments qui reviennent à chaque fois. Tous ces changements modifient sensiblement le conte original et permettent à Pinocchio de toucher les enfants… même s'il reste à bien des égards l'un des plus sombres de l'histoire du studio.
Walt disney pinocchio
Walt Disney a tout fait pour lisser l'histoire de Pinocchio : la marionnette est un petit garçon naïf et non plus un sale gosse qui commence par tuer le criquet dans le conte italien. Ce travail d'adaptation est aussi passé par l'ajout de touches humoristiques avec, pour l'essentiel, un personnage totalement incapable calqué sur le modèle du nain simplet, mais aussi quelques jeux de mots qui n'ont plus toute leur force comique aujourd'hui. Hamilton Luske et Ben Sharpsteen ont fait des efforts, mais leur film reste malgré tout d'une noirceur surprenante. Gepeto n'est pas aussi pauvre que dans l'original, mais il reste un homme qui vit seul et qui n'espère qu'une chose : avoir un petit garçon. Quand il obtient ce qu'il veut, c'est pour qu'on le lui retire immédiatement. Pinocchio est kidnappé avant d'être envoyé sur une île qui transforme des enfants en ânes. Loin de la farce que l'on pouvait attendre, Pinocchio présente cette séquence avec beaucoup de sérieux et le film n'offre en outre aucune fin heureuse pour tous les enfants déjà transformés. Le héros s'en sort, certes, mais il laisse derrière lui des centaines d'autres enfants transformés, a priori sans espoir d'un retour à leur état normal. Que dire ensuite de l'épisode de Monstro qui, même s'il se termine bien, est plein de désespoir. Le studio n'osera plus par la suite faire des films non seulement sombres comme celui-ci, mais qui empêchent en plus tout espoir. Ici, le happy end est au rendez-vous, mais il est limité : Pinocchio devient un petit garçon, mais les méchants ne sont pas punis. Au total, on oublie vite les tentatives humoristiques d'ailleurs assez moyennes — les surprises de Gepeto quand son pantin s'anime sont assez réussies, le reste beaucoup moins — et on retient un récit qui surprend aujourd'hui encore par sa noirceur.
Pinocchio disney luske sharpsteen
Sorti dans un contexte de guerre, on comprend facilement pourquoi Pinocchio n'a pas fonctionné en 1940. Hamilton Luske et Ben Sharpsteen signent un film qui vise les enfants, mais qui impose quelques images d'horreur et surtout une noirceur générale qui est assez étonnante. De quoi masquer un peu la prouesse technique, l'animation ayant énormément progressé entre le premier et ce deuxième long-métrage du studio. Pinocchio n'est pas un film drôle et son côté moral pèse un peu, mais c'est un aussi classique intemporel qui mérite à ce titre d'être vu et revu.

Dumbo, Ben Sharpsteen

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Après deux films qui ont coûté énormément et rapporté très peu, les studios Disney cherchent la rentabilité. Pour son quatrième long-métrage, Walt Disney abandonne les contes du XIXe siècle, il abandonne aussi les expérimentations ambitieuses, mais impopulaires de Fantasia au profit d’une histoire simple à raconter et surtout à mettre en image. Dumbo raconte le récit d’un éléphant aux trop grandes oreilles qui est d’abord rejeté par les autres éléphants de son cirque, avant de trouver sa voie en volant. En quelques mots, le scénario est résumé et c’est précisément ce qui fait la force du long-métrage réalisé par Ben Sharpsteen. Grâce à sa simplicité, Dumbo touche à l’universel et ce n’est pas pour rien qu’il a connu autant de succès.
Dumbo disney sharpsteen
Pour une fois, Walt Disney adapte une œuvre originale, puisque Dumbo est adapté d’une publication de 1939, deux ans seulement avant la sortie du film dans les salles. Le conte européen n’est pas loin toutefois et on reconnaît aisément l’idée de base d’un récit de Hans Christian Andersen, Le Vilain Petit Canard. L’idée d’un enfant différent rejeté par ses pairs est la même, sauf qu’il ne s’agit pas ici d’un canard, mais d’un éléphant. Dumbo a d’énormes oreilles sur lesquelles il ne cesse de marcher et cette difformité lui cause de nombreuses moqueries. Sa mère qui essaie de le défendre contre des gamins qui s’amusent avec les oreilles est mise de côté par le cirque et l’éléphanteau devient quasiment un orphelin, détesté de tous. Lors de son premier numéro, il marche sur une oreille et lance un enchaînement qui détruit quasiment tout le cirque. Bref, le héros de Ben Sharpsteen est une catastrophe et il perd toute confiance en lui et il lui faudra un solide ami pour se remettre. Dumbo reprend une idée que l’on avait déjà croisée dans Pinocchio avec le personnage de Timothy, une souris qui agit comme une bonne conscience du héros, en même temps que son ami. C’est le seul qui ne se moque pas des oreilles de l’éléphant et il l’accompagne pendant tout le film jusqu’à la découverte que Dumbo peut voler. De manière plutôt originale, c’est aussi quasiment le seul qui parle. Le héros ne dit jamais un mot et autour de lui, tous les personnages sont également muets, ou bien parlent pour ne rien dire.
Dumbo disney
Dépassant à peine l’heure, Dumbo fait partie des classiques Disney les plus courts. Malgré cela, on sent que Ben Sharpsteen a été contraint de gonfler un peu le récit avec des séquences qui ne font pas avancer le récit, comme c’était déjà le cas avec Blanche-Neige et les sept nains. Les deux personnages principaux boivent par erreur de l’alcool et on a alors droit à une étonnante séquence composée essentiellement d’éléphants roses. Pendant quelques minutes, les animateurs du studio s’en donnent à cœur joie, oubliant toute idée de réalisme au profit d’une vision surréaliste qui surprend par sa modernité. C’est en tout cas quelque chose d’assez rare dans les films signés Walt Disney et cette séquence tranche avec le reste, beaucoup plus conventionnel. Dumbo ne devait pas coûter trop cher pour remplir les caisses après plusieurs films qui avaient coûté plusieurs millions de dollars. Celui-ci n’atteint pas le million, mais cela ne veut pas dire pour autant que l’animation a été sacrifiée. En fait, Ben Sharpsteen et ses équipes marquent une étape supplémentaire avec un dessin très simple, certes, mais une animation de qualité. L’ensemble a mieux vieilli que Pinocchio qui avait pourtant été beaucoup plus coûteux à réaliser et sur ce point, c’est encore la simplicité qui a payé.
Disney dumbo
Pour la première fois peut-être, Walt Disney signe avec Dumbo un long-métrage vraiment pour les enfants. Il n’y a pas de méchants ici et le film frappe par son extrême simplicité. Ce n’est pas un défaut toutefois, au contraire même : avec une histoire extrêmement touchante — toutes les scènes entre Dumbo et sa mère sont particulièrement réussies à cet égard —, Ben Sharpsteen touche à l’universel et parvient à émouvoir. Une belle réussite qui plaira tout particulièrement aux enfants.

Bambi, David Hand

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Le cinquième classique d’animation Disney n’est sorti qu’en 1942, mais le film qui allait ravir et traumatiser des générations de jeunes enfants devait sortir beaucoup plus tôt. De fait, le projet qui a conduit à Bambi a été initié dans les années 1930, avant même Blanche-Neige et les sept nains selon certains avis. Ce qui est sûr, c’est que ce long-métrage traverse une petite dizaine d’années dans les studios de Walt Disney et qu’il a été repoussé plusieurs fois pour céder la place d’abord à Pinocchio, et puis à Fantasia et même à Dumbo. Ces difficultés à sortir ce film trahissent des problèmes financiers, certes, mais aussi et surtout un problème de fond. Contrairement à tous ses prédécesseurs, Bambi n’est pas une comédie, mais un drame qui tranche non seulement par son sérieux, mais aussi par ses personnages : il n’y a aucun être humain dans le film. David Hand réalise un classique qui étonne encore aujourd’hui par son style, même si le ton très enfantin aura du mal à convaincre les plus âgés. Une œuvre intemporelle…
Bambi hand disney
Pour la deuxième fois après Dumbo, les studios Disney n’adaptent pas un conte du XIXe siècle, mais un récit contemporain. À l’origine de Bambi, un roman pour enfants publié en 1923 par Felix Salten. Ce récit d’apprentissage d’un faon dans la forêt séduit Walt Disney qui lance une adaptation une dizaine d’années après sa sortie, alors que le roman traduit en anglais connaît un beau succès. On comprend aisément pourquoi le patron des studios s’intéresse à cette histoire qui ne peut que toucher les enfants, mais dès le départ, l’adaptation pose problème. De fait, cette histoire marque une rupture nette par rapport aux scénarios qui avaient été jusque-là adaptés par Disney. Bambi n'est composé que d’animaux qui parlent, certes, mais qui respectent malgré tout leur condition animale. Avant même de parler de scénario, les animateurs ont passé du temps à comprendre comment les animaux se déplacent pour offrir des dessins réalistes. Même si tout n’est pas parfait, il faut noter que les équipes menées par David Hand ont su capter l’essence des animaux. On croit dès les premiers plans à ce jeune faon qui ne sait pas tenir en équilibre, qui ne cesse de tomber en s’emmêlant les pattes, mais qui prend peu à peu de l’assurance. Tous les animaux autour du héros ont fait l’objet du même soin et que ce soit le lapin Panpan ou le putois Fleur, on a vraiment le sentiment de voir des animaux et non des caricatures. La plus grosse réussite des studios toutefois, ce sont peut-être les décors. Bambi commence avec un long travelling qui met en avant la forêt peinte par les artistes de Disney et on ne peut qu’être bluffé par le résultat. Mélange de peinture à l’huile et de gouache, ces décors restent, encore aujourd’hui, sublimes et si l’illusion de photoréalisme ressentie par certains contemporains ne tient plus — on a fait beaucoup mieux en matière d’animation depuis —, l’ambiance créée par ces décors est vraiment réussie.
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On peut revoir Bambi uniquement pour ses magnifiques décors de forêt ou encore pour quelques scènes exemplaires, à commencer par celle de pluie qui offre un spectacle largement digne de ce que l’on a pu voir dans Fantasia. Le scénario intéressera beaucoup plus difficilement passées les premières années. On sait que ce point a été énormément travaillé par le studio qui a longtemps hésité entre plusieurs directions à prendre. L’histoire originale a été conservée dans les grandes lignes, mais Walt Disney a tenu à ajouter ses touches personnelles, à commencer par une part bien plus importante accordée au personnage de Panpan, le seul qui ajoute une touche de comique à l’ensemble. Pour autant, un peu comme Dumbo sorti un an avant, Bambi n’est pas une comédie et il n’est pas drôle. Il commence de façon très mignonne avec les premiers pas du faon avec sa mère, une phase de découverte enchantée de la forêt avec des séquences dans la prairie, une autre dans la neige et bien sûr la rencontre avec un(e) faon. Cet enchaînement joyeux, à défaut d’être drôle, est brutalement interrompu par la mort de la mère, un épisode qui a traumatisé de nombreux enfants, alors même que le film ne montre rien. S’il faut reconnaître un coup de génie dans ce long-métrage, c’est bien cette scène qui se contente d’un bruit — un coup de fusil — et d’une absence et qui, par son absence de représentation, fait travailler l’imagination pour un résultat bien plus fort. Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi, à trois ou quatre ans, on peut être bouleversé par cette disparition : comme le personnage de Bambi lui-même, on comprend peu à peu tout ce que la mort implique. Difficile de conclure après cela, mais Bambi le fait de manière très intelligente, en montrant que la vie continue et que l’histoire de Bambi n’est qu’un éternel recommencement. Pour un adulte, ce scénario qui tient sur un ticket de métro peut faire sourire, mais il faut bien reconnaître que David Hand fait exactement ce qu’il faut et que le film fonctionne parfaitement.
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Bambi fait partie de ces œuvres intemporelles qui ne peuvent pas vieillir. Est-ce l’absence totale de l’homme qui explique cet aspect que peu d’autres films, y compris ceux de Walt Disney, peuvent revendiquer ? Toujours est-il que le long-métrage de David Hand frappe aujourd’hui encore par son actualité. En une bonne heure, le film parvient à toucher les enfants uniquement avec des animaux et en offrant une vision somme toute très réaliste de la nature. Une vision qui peut-être terrible, souvent à cause de l’homme, même si le final offre une note d’espoir. Bambi a déjà rapporté à ses concepteurs plus de 250 millions de dollars, il a été vu par des générations et des générations d’enfants et ce n’est sûrement pas prêt de s’arrêter, et c'est tant mieux…

Saludos Amigos, Norman Ferguson

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1941, année difficile pour les studios Disney. Alors que la production de Bambi continue de patiner entre hésitations sur la réalisation et grève d’une partie des équipes, Walt Disney n’a plus un sou et les deux échecs commerciaux successifs de Pinocchio et de Fantasia ne facilitent pas les choses. Pour ne pas mettre la clé sous la porte, le studio est contraint aux concessions : Bambi est décalé au profit de Dumbo, film beaucoup moins ambitieux qui ne coûte pas grand-chose et rapporte un peu. Malheureusement, cela ne suffit toujours pas, la faute notamment à la Seconde Guerre mondiale qui prive le studio d’une partie de ses revenus. Face à toutes ces difficultés, Walt Disney n’a d’autre choix que d’accepter la proposition du gouvernement américain. Les États-Unis ne sont pas encore entrés en guerre, mais les idées nazies connaissent un succès inquiétant en Amérique du Sud. C’est pour contrer cet essor que Walt Disney en personne et une partie de ses équipes sont envoyés au Brésil, en Argentine ou encore au Chili pour assurer la présence américaine. En échange, de l’argent pour réaliser un film : Saludos Amigos est né.
Saludos amigos disney
Même s’il est classé parmi les classiques d’animation Disney, Saludos Amigos n’est pas un long-métrage traditionnel. Et pour cause, ce film extrêmement bref — une quarantaine de minutes seulement — mélange images réelles et animation, pour une collection de quatre courts-métrages et un ton de documentaire. Puisque ce film a été conçu dès le départ pour coûter le moins possible, les scénaristes ne sont jamais vraiment sollicités et Norman Ferguson qui doit le réaliser ne s’embarrasse pas avec un joli emballage. Le film commence ainsi en expliquant la situation, expurgée de toute dimension politique. Les animateurs Disney partent donc en Amérique du Sud pour s’imprégner des ambiances et des couleurs de ces régions et ramener des idées nouvelles. Ils sont filmés dans l’avion qui les emmène, on découvre Walt Disney et quelques dessinateurs et puis une animation présente la carte des régions visitées et un petit avion qui nous montre où ils vont. D’emblée, c’est le ton qui surprend dans Saludos Amigos. Pour accompagner les prises de vue en images réelles, un narrateur nous détaille ce que l’on voit avec un ton de documentaire simplifié pour enfants. Ce long-métrage est une collection de cartes postales, un rassemblement de clichés importants sur chaque région, pays ou ville. Ce Wikipedia des années 1940 avait à sa sortie un rôle pédagogique essentiel, il peut aujourd’hui intéresser pour son témoignage historique, mais le commentaire et les images ne sont pas très originaux. Et puis il y a aussi de l’animation et de la fiction.
Saludos amigos donald disney
Tout au long de ses quarante minutes, Saludos Amigos rassemble quatre courts-métrages différents. Tous sont inspirés par les pays d’Amérique du Sud et trois d’entre eux reprennent des personnages mythiques du studio. Le premier évoque le voyage d’un touriste — Donald — au lac Titicaca et il est l’occasion d’un petit tour d’horizon des clichés, avec quelques idées amusantes entre Donald et un lama. Le second est beaucoup plus intéressant : l’histoire de Pedro, un petit avion qui doit remplacer son père pour récupérer le courier de l’autre côté des montagnes chiliennes. L’idée générale, certains éléments d’animation et même quelques éléments de décors ne sont pas sans rappeler des longs-métrages beaucoup plus tardifs : on pense à Planes bien évidemment, mais avant cela à Cars qui reprenait cette même idée de personnages-objets. L’idée est bonne, le résultat un peu moins : très enfantine, la séquence est dans l’ensemble assez peu intéressante. Le court-métrage suivant met en scène Dingo, un cow-boy devenu gaucho argentin. Cette séquence est l’occasion d’expérimentations visuelles — on apprécie le travail sur les transitions — et c’est assez drôle et plutôt gai. Saludos Amigos se termine avec une histoire qui marque plus les esprits : à Rio de Janeiro cette fois, Donald rencontre José Carioca, un oiseau local qui initie le canard hollywoodien au carnaval. C’est bariolé, le pinceau joue un rôle essentiel et cette séquence pose surtout un personnage qui connaîtra par la suite un grand succès au Brésil.
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L’histoire de Saludos Amigos est passionnante, bien plus que le long-métrage lui-même. Né des difficultés financières connues par le studio et de tractations politiques avec le pouvoir, il n’est qu’un brouillon assez peu abouti et qui semble avoir été fait à la légère. Le succès étant au rendez-vous, Walt Disney lance une suite et Les Trois Caballeros sort deux ans après, cette fois au Mexique, mais avec la même idée de compiler des courts-métrages. En fait, Saludos Amigos ouvre une longue séquence dans l’histoire du studio où, faute d’argent, plus aucun long-métrage ambitieux n’est signé Walt Disney. En attendant Cendrillon, huit ans après ce film, les spectateurs de l’époque doivent se contenter de compilations…

Fantasia, Ben Sharpsteen

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Fantasia est non seulement le classique Disney le plus long, c’est aussi certainement le plus ambitieux. Après les succès critiques des courts-métrages réalisés par le studio dans les années 1930 et surtout de Blanche-Neige et les sept nains en 1939, Walt Disney lance en parallèle de la production de Pinocchio un projet plus fou encore. Avec l’aide du chef d’orchestre Leopold Stokowski, les studios Disney se mettent en tête de représenter de la musique classique avec une série de séquences appelée à évoluer. Même si on retient du projet un seul film, Fantasia devait être une œuvre vivante, en constante évolution et il ne devait même pas sortir au cinéma, mais dans des salles de concert. De belles idées qui n’ont pas résisté à la réalité historique : entre les couts prohibitifs des séances et surtout la Seconde Guerre mondiale qui bat son plein et prive le studio de près de la moitié de ses revenus, le projet est vite interrompu. Reste une œuvre de deux heures qui offre une lecture passionnante de quelques pièces de musique classique. Loin des compilations de court-métrage réalisées à la va-vite dans les années 1940, Walt Disney et ses équipes créent une vraie œuvre d’art.
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Contrairement aux deux autres précédents longs-métrages signés Disney, Fantasia ne raconte pas une histoire. Le film commence sur un homme, au milieu d’un orchestre. Ce narrateur décrit le projet initial et sa présence suffit à comprendre que l’on n’est plus en terrain connu. Il explique que le studio a eu comme idée de montrer à quoi pouvait ressembler visuellement une musique. Sept séquences serviront à présenter les différents types de musiques, de celles qui racontent vraiment une histoire, à celles qui en suggèrent et puis enfin les musiques qui se suffisent à elles-mêmes et qui ne suggèrent éventuellement que des images fugaces. Passée l’introduction, le film supervisé par Ben Sharpsteen commence avec la Toccata et fugue en ré mineur, une œuvre composée par Jean-Sebastien Bach pour l’orgue et adaptée ici pour l’orchestre par Leopold Stokowski. D’emblée, l’ambition du studio est éclatante : cette séquence ne raconte rien, elle n’est même pas figurative, elle se contente de taches de couleur à l’écran. Plus loin, on devine des nuages, et puis des archets qui miment la musique que l’on entend, mais le spectateur ne peut s’accrocher à aucun personnage et il n’a absolument rien de ce qui est la norme habituellement dans les films de Walt Disney. Ce dernier voulait représenter ce que l’on pourrait imaginer en écoutant la musique et le résultat, assez psychédélique, est intéressant, mais on comprend qu’il ait pu dérouter le public. Fantasia n’est pas une simple adaptation de contes pour les enfants, le film se place dès cette séquence comme une véritable œuvre d’art en même temps qu’une prouesse technologique. Tout cela nous semblerait banal aujourd’hui, mais les studios avaient inventé une technologie, rien que cela, pour diffuser le son dans toute la salle. Le « Fantasound » a été créé pour ce film et il n’a été utilisé qu’à cette occasion, mais il n’est rien de moins que l’ancêtre des sons multicanaux qui ne sont devenus la norme aujourd’hui. Cette première séquence où tout l’orchestre se répond devait être une belle démonstration de cette technologie.
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Après une telle introduction, Fantasia revient à quelque chose d’un tout petit peu plus conventionnel, tout en restant beaucoup plus proche de la musique que du dessin animé qui raconte une histoire. La deuxième séquence adapte le célèbre ballet de Tchaïkovski Casse-Noisette avec plusieurs mouvements qui évoquent les différentes saisons. La troisième partie est la plus traditionnelle de toute, ne serait-ce que par la présence de Mickey, personnage symbolique du studio. Adaptation d’un poème de Goethe et surtout de la musique composée pour l’illustrer composée par Paul Dukas à la fin du XIXe siècle, L’Apprenti Sorcier est une séquence particulière à plus d’un titre. C’est la seule qui raconte vraiment une histoire — un apprenti sorcier qui ne maîtrise pas son art et crée une catastrophe — et c’est aussi un court-métrage conçu en amont du projet Fantasia. À l’origine, ce petit film devait sortir seul, mais Walt Disney s’est laissé convaincre par Leopold Stokowski qui participait déjà au projet de le transformer en un long-métrage avec d’autres musiques adaptées. Changement d’ambiance par la suite avec une séquence qui ressemble à un cours de préhistoire : sur Le Sacre du Printemps d’Igor Stravinsky, le studio raconte la naissance de la Terre, puis l’apparition des premiers êtres unicellulaires et des dinosaures. La séquence d’après est encore très différente et cette fois c’est la Symphonie pastorale de Beethoven qui est adaptée par Ben Sharpsteen et le studio en une illustration de la mythologie gréco-romaine, sans vraiment raconter d’histoire. On en vient alors à un nouveau ballet, cette fois extrait de La Gioconda, un opéra du XIXe siècle signé Amilcare Ponchielli. Walt Disney est fidèle au ballet original, à ce détail près que les danseurs sont des animaux : on voit ainsi danser des autruches, des hippopotames, des éléphants et des crocodiles, pour une séquence amusante qui allège un peu l’ensemble. À l’inverse, le final est assez pesant : adaptant deux œuvres très différentes, Fantasia présente successivement une vision cauchemardesque (sur Une nuit sur le mont Chauve de Moussorgski) et une fin plus apaisée (Ave Maria de Schubert). On le voit, la variété est de mise avec ces séquences qui passent le plus souvent d’un extrême à l’autre. C’est le cas sur le fond, mais aussi sur le plan visuel : ce long-métrage est un vrai laboratoire pour le studio et à bien des égards, une collection d’idées pour l’avenir. C’est ça qui est sans doute le plus intéressant avec ce film, voir dans ces séquences inégales la promesse de réalisations futures.
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Laboratoire d’idées et d’expérimentations techniques, ambition de l’œuvre d’art plutôt que du dessin animé pour enfants, Fantasia est un film passionnant à plus d’un titre. Quand on voit le résultat, on comprend bien pourquoi le long-métrage a été un désastre économique : Walt Disney tente pour la première et la dernière fois de changer de public, mais son public traditionnel ne comprend pas le changement, quand celui qui aurait dû être intéressé boude le studio. Ajoutons à cela des moyens démesurés jusqu’aux représentations qui nécessitaient d’installer un matériel spécifique, Fantasia n’a jamais eu la chance de connaître les suites espérées par son concepteur. Reste une œuvre qui est toujours aussi passionnante et qui mérite incontestablement d’être (re)vue, même si toutes les séquences ne sont pas du même niveau.

Les Trois Caballeros, Norman Ferguson

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La Seconde Guerre mondiale bloque toujours le studio Disney qui dépendait à l’époque de l’Europe pour une très grande part de ses revenus. Au début des années 1940, Walt Disney et ses équipes lancent plusieurs projets, mais aucun n’a connu de succès et les studios doivent à tout prix faire rentrer de l’argent. En 1942, Walt Disney se laisse convaincre par le gouvernement américain qui veut l’envoyer en Amérique du Sud pour des raisons politiques. De cet accord naît Saludos Amigos, une compilation de courts-métrages inspirés par les pays visités. Un film qui n’a pas rapporté énormément, mais c’était encore le double de ce qu’il avait coûté. Convaincu que la formule est bonne, le patron du studio renouvelle l’expérience deux ans après avec Les Trois Caballeros qui suit exactement la même formule. Menés par Norman Ferguson, les animateurs créent quelques courts-métrages vaguement liés entre eux, toujours en Amérique du Sud. Et encore une fois, le résultat n’est pas très passionnant…
Les trois caballeros disney
Saludos Amigos prenait comme prétexte la visite des animateurs Disney en Amérique du Sud. Son successeur cherche une idée plus originale et imagine que Donald reçoit un cadeau pour son anniversaire de la part de ses amis, en provenance du continent sud-américain. Parmi les cadeaux, une bobine de film et Les Trois Caballeros lance ainsi son premier court-métrage, l’histoire d’un pingouin du pôle Sud qui n’aime pas le froid et qui se met en tête de partir au nord vers l’Équateur et la chaleur. Une petite histoire toute mignonne, mais aussi très enfantine qui se poursuit avec la découverte de l’Aracuan, un oiseau fictif inventé pour les besoins du film. Dernière séquence dans cette première partie, l’histoire étonnante d’un âne volant racontée par un narrateur qui prend un accent argentin à couper au couteau qui vient un peu gâcher le plaisir. L’heure est à la caricature de manière générale et le film supervisé par Norman Ferguson enfile les clichés, en particulier dans la suite. Donald ouvre son autre cadeau et Les Trois Caballeros fait revenir José Carioca, personnage créé dans le long-métrage précédent et qui fait son grand retour. Il emmène Donald avec lui dans une découverte du Brésil et surtout de ses femmes. Pour un film pour les enfants, les femmes sont étonnamment présentes et non pas, comme c’était toujours le cas jusqu’ici chez Disney, comme des mères, mais comme des êtres désirables. Dans une séquence qui mêle images d’animation et images réelles — une technique d’ailleurs parfaitement maîtrisée, même si à l’origine il ne s’agissait que de réduire les coûts —, Donald tente de séduire une danseuse. Plus loin, alors qu’on ira au Mexique, il sera sous le charme d’une fille du coin. Cette place des femmes a choqué certains contemporains et sans aller jusque-là, on est effectivement surpris par l’importance prise par ce thème dans ce film. Pour le reste, Walt Disney introduit le troisième Caballeros annoncé par le titre avec le personnage de Panchito Pistoles, un coq mexicain qui tire dans tous les sens. Cette fois, l’objectif est de découvrir le Mexique avec toutes ses traditions, de la Piñata aux fêtes typiques. La musique est au cœur de cette séquence qui évoque un peu les expérimentations de Fantasia, mais en plus déjanté et moins abouti.
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Difficile de s’enthousiasmer pour ce septième long-métrage qui est plus travaillé que le précédent, mais paradoxalement moins passionnant encore. Les Trois Caballeros reste un formidable terrain de jeu pour les animateurs de chez Disney et ils essaient de nouvelles formes, mais il s’agit de raconter des histoires sans grand intérêt et surtout qui respirent l’objectif de propagande à l’origine du projet. Les caricatures se suivent et on sent la volonté de donner une certaine image de l’Amérique du Sud. Mis à part peut-être pour quelques séquences plus réussies, Les Trois Caballeros n’est pas un classique qui reste dans les mémoires…

Minuscule: la Vallée des Fourmis Perdues, Thomas Szabo et Hélène Giraud

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À l’origine, Minuscule est une série d’animation composée de petits épisodes de cinq minutes. Avant cela, c’était un court-métrage qui avait la drôle d’idée de mettre en scène des insectes pour raconter une histoire, mais sans dialogue. Ces deux formats ayant eu beaucoup de succès, voilà maintenant un long-métrage. Minuscule : la Vallée des Fourmis Perdues maintient l’idée générale et ce film d’animation nous raconte une histoire pendant une heure trente sans aucun dialogue et uniquement avec une coccinelle et des fourmis. Un pari très ambitieux et une réussite éclatante : mis à part une petite baisse de régime à la fin, le long-métrage réalisé par Thomas Szabo et Hélène Giraud est rythmé et vivant, tour à tour drôle et touchant, épique et ridiculement petit… bref, c’est un énorme plaisir de cinéma qui n’est pas du tout réservé aux enfants. À voir !
Minuscule la vallee des fourmis perdues szabo giraud
Minuscule : la Vallée des Fourmis Perdues commence avec des images réelles. On suit une voiture rouge qui monte une route de montagne et qui casse un petit peu la douceur de la nature tout en ressemblant, déjà, à un insecte. On voit ensuite un couple qui pique-nique et la femme, enceinte, qui va accoucher. N’importe quel autre film suivrait les deux amoureux vers la clinique, mais pas celui-ci qui reste avec le pique-nique… et avec un vacarme assourdissant. Pour le premier contact avec leurs insectes, Thomas Szabo et Hélène Giraud nous plongent dans une ambiance paradoxalement bruyante. L’une des bonnes idées du film, c’est d’utiliser des bruits de moteurs pour les insectes : une coccinelle fait le bruit d’un moteur électrique étouffé, mais une grosse mouche celui d’une moto, quand une abeille fera le bruit d’une voiture de course par exemple. À partir de cette introduction bruyante et enivrante, Minuscule : la Vallée des Fourmis Perdues nous fait évoluer dans un univers étrange, à mi-chemin entre l’animation traditionnelle et un documentaire sur les insectes. Le mélange d’éléments filmés et d’additions animées est étonnant, mais c’est une merveilleuse idée et le rendu est excellent. Pour compenser le réalisme des décors, les animateurs n’ont pas cherché le réalisme pour dessiner les insectes et c’est très bien ainsi. Les fourmis et la coccinelle qui sont les héros de l’histoire ressemblent aux originaux, mais on voit bien que leurs traits sont simplifiés. Sans tomber dans la caricature, Thomas Szabo et Hélène Giraud ont trouvé l’équilibre parfait entre le réalisme du documentaire et l’animation traditionnelle. On retrouve, pour ce dernier point, une touche d’humour typique dans le genre, un humour de situation ou de geste puisque, faute de dialogues, c’est le seul que le film peut véhiculer.
Minuscule vallee fourmis perdues szabo giraud
De l’aveu même de ses concepteurs, Minuscule : la Vallée des Fourmis Perdues est une sorte de Microcosmos déjanté et revisité façon Le Seigneur des Anneaux. Un mélange improbable sur le papier, mais qui paraît totalement logique et naturel à l’écran. Le scénario suit l’histoire d’une petite coccinelle qui perd sa famille peu de temps après sa naissance et qui trouve refuge dans la boîte de sucre abandonnée par le couple que l’on voit au début. Cette coccinelle est encore dans la boite quand des fourmis passent par là et décident de ramener toute la boite de sucre à leur fourmilière. Coccinelle et fourmi deviennent amis et ils vivent quelques extraordinaires aventures à la fois pour emporter tout le sucre et surtout pour échapper à une terrible bande de fourmis rouges. Thomas Szabo et Hélène Giraud ne mentent pas quand ils disent qu’ils se sont inspirés de l’épopée de Tolkien : le film a quelque chose de la saga avec la quête où le sucre remplace l’anneau et un combat gigantesque où des centaines de milliers de fourmis rouges assiègent la forteresse des fourmis noires. On ne s’attendait vraiment pas à retrouver de telles scènes dans un film pour enfants, mais Minuscule : la Vallée des Fourmis Perdues n’est absolument pas un film réservé aux enfants. Même si on peut le voir à partir de trois ans — avec quelques réserves tout de même, certains insectes sont impressionnants —, les adultes ne s’ennuieront pas face à un spectacle bien mené et plutôt spectaculaire. Le travail sur la taille minuscule des insectes a été bien fait et le film fourmille1 de détails amusants, à l’image des multiples objets humains rassemblés dans la fourmilière ou encore du rôle de la 2CV à plusieurs reprises dans le récit. Même si on note une petite baisse de régime sur la fin, les scénaristes n’ont pas manqué d’idées et ils ont réussi à raconter une histoire vivante et rythmée sans jamais prononcer le moindre mot, mais sans jamais perdre les spectateurs pour autant. Une belle performance, assurément…
Szabo giraud minuscule
Minuscule : la Vallée des Fourmis Perdues est un film surprenant qui ne devrait pas fonctionner sur le papier, mais qui est une vraie réussite à l’écran. Thomas Szabo et Hélène Giraud ont imaginé un univers réaliste par certains aspects, caricatural par d’autres, mais un univers qui fonctionne parfaitement. Sans entendre un seul mot, uniquement par la musique, quelques cris d’insectes et surtout des expressions, ils parviennent à raconter une histoire touchante et drôle à la fois. Minuscule : la Vallée des Fourmis Perdues devrait enchanter les enfants et ravir les parents qui les accompagneront : ne le ratez sous aucun prétexte !

  1. Non, ce n’est pas un mauvais jeu de mots… 

Cendrillon, Clyde Geronimi, Wilfred Jackson et Hamilton Luske

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Depuis la sortie de Bambi, Walt Disney et son studio n’ont plus signé aucun long-métrage. Pendant sept ans, ils enchaînent les projets mineurs, des films qui ne sont que des compilations de petits courts-métrages rarement réussis, même s’ils offrent souvent un terrain d’expérimentation intéressant pour les animateurs et les scénaristes du studio. Autant dire que le retour au long-métrage avec Cendrillon était attendu : après des années difficiles liées aux échecs commerciaux de ses premiers films, puis de la Seconde Guerre mondiale qui le prive de la moitié de ses revenus, le studio peut enfin se concentrer à nouveau sur de gros projets. Les points communs avec Blanche-Neige et les sept nains ne manquent pas et ce film s’ajoute à la légende ces classiques Disney. Cette histoire de princesse et de son prince charmant n’est sans doute pas très originale, mais elle reste indémodable. Un vrai classique !
Cendrillon disney
L’idée d’adapter Cendrillon ou la Petite Pantoufle de verre, conte du XVIe siècle signé Charles Perrault, est sans doute parmi les premiers projets du studio Disney. Les histoires européennes fascinent Walt Disney et c’est à nouveau vers l’Europe et vers ce classique de la littérature revisité au XIXe siècle par les frères Grimm qu’il se tourne logiquement. L’histoire est connue : Cendrillon est une jeune femme maltraitée par sa belle-mère depuis la mort de son père, mais elle rencontre à un bal le prince du coin et c’est le coup de foudre. Une base qui rappelle assez celle de Blanche-Neige et les sept nains et liens que l’on peut esquisser entre les deux films ne doivent sans doute rien au hasard. Les deux personnages principaux sont deux princesses maltraitées au début et qui trouvent leur voie grâce à l’amour. Dans les deux films, des personnages secondaires atypiques — ici des nains, là des souris et des oiseaux — viennent aider la princesse. Une belle-mère est à l’origine des maux des deux princesses et le fantastique est au rendez-vous, qu’il soit positif — la magie de la marraine dans Cendrillon — ou négatif — la sorcellerie de la reine dans Blanche-Neige et les sept nains. On sent bien que Clyde Geronimi, Wilfred Jackson et Hamilton Luske, les trois réalisateurs qui signent le long-métrage, ont eu comme consigne de relancer le studio avec un projet à l’ancienne, loin des expérimentations des années 1940. Projet réussi avec ce long-métrage riche en couleurs, enjoué et effrayant à la fois et surtout qui met en scène l’archétype même de la princesse.
Cendrillon geronimi jackson luske
Le personnage a sans doute un peu vieilli et la passivité totale de Cendrillon surprend sûrement les enfants aujourd’hui. Pourtant, Cendrillon fait partie de ces classiques Disney qui n’ont pas si mal vieilli dans l’ensemble, peut-être à cause du manque de moyens pour réaliser le film. Les studios sortent difficilement de plusieurs années de crise et ce douzième classique d’animation doit renflouer les caisses et rembourser les banques. L’idée de ressortir un long-métrage participe à ce projet plus global, mais encore faut-il limiter au maximum les coûts de production pour augmenter les chances de rentabiliser le projet au plus vite. Le scénario a ainsi subi de nombreux ajustements par rapport aux contes originaux, en particulier pour réduire les dépenses. Certaines scènes ont été supprimées, d’autres totalement réécrites, à l’image de la conception de la robe qui devait mettre en scène l’héroïne, mais qui a été finalement confiée aux animaux, moins complexes et donc moins chers à animer. On pourrait reprocher à Cendrillon son style simplifié par rapport aux premiers longs-métrages du studio. Il est vrai que comparé à la richesse d’un Pinocchio, ce nouveau film semble bien pauvre, en particulier dans ses décors. Rétrospectivement, c’est sans doute ce qui permet à Cendrillon de ne pas vieillir et cette simplicité est aujourd’hui considérée comme un avantage. Au-delà du style, le film pose les bases d’une mécanique bien huilée depuis. Les premiers longs-métrages du studio ont tous leurs particularités, mais celui-ci ouvre une nouvelle page de l’histoire Disney avec des films plus proches les uns des autres. Les personnages secondaires comiques, la place du fantastique, celle de l’amour… autant d’éléments qui paraissent clichés aujourd’hui, mais qui étaient novateurs à l’époque. À bien des égards, le long-métrage est un laboratoire d’idées déterminant pour les années qui suivent…
Disney cendrillon geronimi jackson luske
Réalisé pour coûter le moins et rapporter le plus possible, Cendrillon ne souffre aucunement de cette origine purement financière. Le douzième classique du studio est une œuvre indémodable, l’archétype du film de princesses de Disney et Clyde Geronimi, Wilfred Jackson et Hamilton Luske réalisent, sans doute sans le savoir, un film culte pour des générations et des générations. Cendrillon se revoit aujourd’hui avec plaisir, surtout pour les petits, mais aussi pour les grands…
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